Artist Statement

(français en dessous)

“Fantasy abandoned by reason produces impossible monsters. Fantasy united with reason is the mother of the arts, and a source of wonders.” -Francisco Goya

My art practice is centered within an expanded field of contemporary drawing; I am committed to drawing as both a material process and as a way of thinking. Over the last 20+ years, I have amassed an enormous collection of works on paper – ranging in scale from postcards to murals – drawn, written, wrinkled and saturated with ink. Many of these drawings are discrete pieces unto themselves, some are pages for hand-bound books and zines, and some are materials for densely drawn environments, tailored to the architecture of the rooms that they occupy. The drawing installations and book-works I create are inversions of each other. In each, the viewer / reader is transported elsewhere. An environment made of paper is like a book that bursts open over the walls – the imagination turned inside out. We are physically immersed; different senses are awakened or heightened. Books, meanwhile, tend to be read individually, in private, taking the reader on an inward journey that is also physical, tactile, and interactive.

Though the content of my work ranges from the biological to the phantasmagorical, there is a persistent interest in human empathy for nonhuman animals and places, and in the challenge of fathoming deep time – the world millions of years ago, and the speculative worlds ahead. The way we imagine has powerful effects on what we believe, how we behave, and how we shape the world. This is what prevents me from dismissing the imaginary as completely unreal.

Drawing has always been a way for me to contemplate metamorphosis and hidden beings. What would it be like to be someone else, somewhere else, or to belong to another species? The creatures I contemplate most are those that never existed, that no longer exist, and those that are on the brink of extinction. For example, dinosaurs fascinate me because they are completely real and completely imaginary – they are monsters for real. This tension between what is real and imaginary, what once existed and no longer exists, is the uniting principle in all my work.

Humanity is not prone to care about what we cannot see, cannot imagine, or what we do not know exists. With my work, I wish to make visible the invisible, to fathom the ineffable, to seek empathy with profound alterity, and to disrupt longstanding cultures of human preeminence, especially as it relates to current discussions of posthumanism and ecological crisis. I strive to complicate ideas around othering, and to be a voice of justice and co-existence. The way I attempt to do this is by drawing the strangest creatures and their habitats, the unknown and unloved, beings too small to see, or so old they have turned to stone. Just as fairytales often serve a cautionary function, I hope my drawings will cast shadows of doubt over our world’s supremacies and anthropocentrism.

 

Démarche artistique

« L’imagination abandonnée par la raison engendre des monstres impossibles; quand elle y est unie, elle est la mère des arts et la source de leurs merveilles. » – Francisco de Goya

Ma pratique se compose à la fois d’installations de dessins et de livres d’art, explorant les ponts et les frontières entre perception et imagination, humains et autres animaux, temps anciens et temps présent. Ce dont on se souvient, ce que l’on pense ou imagine a de puissants effets sur notre manière de sentir, de percevoir, d’appréhender le monde, et sur notre comportement. C’est ce qui m’empêche de rejeter l’imaginaire comme étant quelque chose de complètement irréel.

Au cours des quinze dernières années, j’ai amassé une énorme collection de papiers – allant de l’échelle de la carte postale à celle de la murale – dessinés, écrits, froissés et saturés d’encre. Certains fonctionnent comme des œuvres en soi, individuelles, d’autres sont des pages de fanzines ou de livres reliés, et d’autres sont de l’ordre du déchet ou du débris. Ce matériel est réemployé dans des installations plus denses, environnementales, pensées selon les espaces et l’architecture qu’elles occupent. Mon travail se déploie la plupart du temps en nuances de gris. C’est dans les limites de l’encre, du graphite, du papier, de la lumière et de mon propre corps que je trouve une variété inépuisable de pensées et de formes d’expressions. Cela est d’autant plus vrai que mon travail comprend à la fois le dessin et l’écriture créative.

Au delà du contenu de mes œuvres, allant du biologique au fantasmagorique, le point d’ancrage de mon travail réside dans l’intérêt persistant pour l’empathie humaine à l’endroit des autres espèces, et dans la difficulté de sonder les temps anciens – le monde d’il y a des millions d’années, et le monde à venir. Les animaux qui me fascinent le plus sont les espèces n’ayant jamais existé, celles n’existant plus et celles menacées d’extinction. En ce sens, j’aime les dinosaures, car ils sont à la fois complètement réels et entièrement imaginaires – ils sont des ‘monstres pour de vrai’. Cette tension entre le réel et l’imaginaire, ce qui a existé et ce qui n’existe plus, est le principe unificateur dans tout mon travail.

Parmi les questions que je me pose récemment, figurent les suivantes: Le seul souhait de vouloir sympathiser avec le non-humain, ou la simple tentative de s’imaginer être autre chose qu’un être humain, pourrait-il donner accès à des connaissances en dehors de notre expérience humaine? Est-ce possible pour un artiste comme moi d’entrer en contact direct avec la « nature », ou puis-je seulement tenter de la définir? Comment le langage et les images façonnent-ils nos perceptions de nos environnements, d’autres espèces et de l’un et l’autre? Comment et à partir de quand les histoires et les images en viennent-elles à s’incarner de manière significative dans le monde réel?

Bien que profondément préoccupé par la notion d’extinction des espèces, les changements climatiques et la violence exercée envers les animaux et l’environnement, je continue à croire en une certaine forme d’enjouement, en une certaine faculté de suspendre l’incrédulité et en la puissance de l’imagination brute. J’espère que mon travail saura instaurer un certain malaise quant aux vues anthropocentriques de la suprématie humaine. Tout comme les contes de fées, ayant souvent une fonction d’avertissement, mes dessins de monstres et de lieux hantés se situent dans cet avenir inévitablement solitaire qui attend notre espèce si nous continuons ainsi avec le fondamentalisme, la guerre et l’écocide. À travers le dessin, les installations et les livres, j’aspire à une forme de rencontre holistique entre mes préoccupations artistiques, sociales et environnementales.